Depuis quand n’avez-vous pas pris le temps de déguster votre voix ?
Il y a quelques jours, en me baladant dans les rues de Toulouse, j’ai observé un bébé qui gazouillait de bon cœur. Il s’amusait avec sa voix, en changeant les sons, en faisant des bruits différents. Durant des dizaines de minutes, il explorait de mille et une façon comment le « a » ou le « mmm » résonnaient. Parfois il s’attardait sur un son, le faisant tourner en boucle, comme s’il le détaillait sous toutes ses coutures. Il était très concentré sur sa tâche, plus personne ne comptait autour de lui. Seule sa découverte vocale était importante !
Je trouve magique de les voir prendre autant de plaisir à buller (et à baver au passage !), à faire des cris, des « areuh ». D’ailleurs, c’est grâce à ces exercices vocaux qu’ils découvrent que certains sons nous font réagir plus que d’autres … Et, osons-le dire, ils prennent un malin plaisir à s’y exercer de tout leur cœur. Vous savez, la sirène de pompier qui dure des heures. Ou encore les cris stridents qui vous font craindre pour vos verres en cristal ! Sans oublier le jour où ils découvrent la résonnance extraordinaire de la salle de bain ou d’un petit espace comme les toilettes …
« Pourquoi cet exercice vocal serait exclusivement réservé aux plus jeunes ? »
Du coup, je me pose une question : pourquoi cet exercice, qui à l’air si plaisant, serait exclusivement réservé aux plus jeunes ? C’est vrai ça ! Alors, je vous rassure, je ne vous parle pas de faire des « areuh » (enfin, c’est vous qui voyez !) ou de vérifier la résonnance des toilettes à chaque entrainement vocal.
Mais vous pouvez explorer les différentes voyelles par exemple : sur des sons tenus en changeant de note ou sur des sirènes (comme si le son faisait une boucle). Prenez le temps de découvrir cette vibration que procure le son. Ressentez ce qu’il se passe, laissez-vous toucher par le chemin qu’elle fait dans votre corps. Ecoutez votre voix 🙂
En même temps que vous faites un son, vous pouvez faire un scan mental de la tête aux pieds, pour ressentir à chaque étage ce qu’il se passe. Lâcher-prise garanti 🙂
Et puis vous pouvez « buller » comme nos amis en couches culottes ! Pour réussir à faire vibrer vos lèvres, reproduisez le moteur d’une voiture diesel qui démarre. Quand vous avez réussi, vous pouvez ajouter un son, puis plusieurs différents. No limit …
Pour aller plus loin
Dans mon travail personnel, j’utilise des « Backing Tracks » (trouvés sur Youtube, il y en a de tous les styles. Choisissez des morceaux avec des tempos lents au début). Je vous conseille d’écouter une boucle sans chanter, puis laisser votre voix improviser une mélodie. Ensuite, vous pouvez laisser résonner des « mamadadadoudam », « vivibidamdoupam ».
Faites confiance à votre voix, sans réfléchir à ce qu’il « faut faire » ou sans même penser à la justesse. Les possibilités sont infinies et ne doivent correspondre à aucune règle à part celle du plaisir.
Si vous avez la chance d’avoir un bébé chez vous ou dans votre entourage : prenez le temps de gazouiller avec lui de bon cœur. D’une part, vous allez l’encourager dans la découverte de sa propre voix (ce qui est très important pour le développement du langage). Et en plus, vous allez lâcher prise très facilement, avec en prime des sourires et des étoiles plein les yeux ! Faire un duo avec un nourrisson, c’est une expérience inoubliable !
Et si vous avez du mal à démarrer seul(e), ou que vous souhaitez être accompagné dans cette découverte, c’est un travail que vous pouvez faire en cours de chant. Alors n’hésitez pas : Osez gazouiller, vibrer et improviser …
Florence Bonicel, Vokalys
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